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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/240

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leur fortune au commandement, il n’est pas possible qu’elles soient longtemps assez dupées pour sacrifier à une chimère leurs commodités, leur considération, et qu’elles s’abaissent à courtiser un savetier, pour finale, de faire les Brutus. Cependant, comme il entrait dans vos projets de captiver Paoli, vous dûtes dissimuler ; M. Paoli était le centre de tous les mouvements du corps politique. Nous ne lui refuserons pas du talent, même un certain génie ; il avait en peu de temps mis les affaires de l’île dans un bon système ; il avait fondé une Université, où, la première fois peut-être depuis la création, l’on enseignait dans nos montagnes les sciences utiles au développement de notre raison. Il avait établi une fonderie, des moulins à poudre, des fortifications, qui augmentaient les moyens de défense ; il avait des ports qui, encourageant le commerce, perfectionnaient l’agriculture ; il avait créé une marine qui protégeait nos communications, en nuisant extrêmement aux ennemis. Tous ces établissements dans leur naissance n’étaient que le présage de ce qu’il eût fait un jour. L’union, la paix, la liberté étaient les avant-coureurs de la prospérité nationale, si toutefois un gouvernement mal organisé, fondé sur de fausses bases, n’eût été un présage encore plus certain des malheurs, de l’anéantissement total où tout serait tombé.

Le rêve de Paoli était de faire le Solon ; mais il