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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/296

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Était-ce le temps de vouloir par la force réunir au commerce exclusif de l’Océan celui de la Méditerranée, auquel vos ancêtres, plus sages, avaient eu le bon esprit de renoncer ? Et lorsque vous avez des projets aussi ambitieux qu’ils sont mal calculés, vous vous aliénez la plus belle et la plus considérable de vos provinces. Vous avez réuni son parlement à votre parlement, et vous refusez à l’Irlande l’exercice de sa religion ! Vous savez pourtant bien que la chose la plus sacrée parmi les hommes c’est la conscience, et que l’homme a une voix secrète qui lui crie que rien sur la terre ne peut l’obliger à croire ce qu’il ne croit pas. La plus horrible de toutes les tyrannies est celle qui oblige les dix-huit vingtièmes d’une nation à embrasser une religion contraire à leur croyance, sous peine de ne pouvoir ni exercer les droits de citoyen, ni posséder aucun bien, ce qui est la même chose que de n’avoir plus de patrie sur la terre.

Ainsi donc vous voulez réunir l’Irlande, et vous ne voulez pas que les Irlandais aient une patrie ! Inconcevable contradiction que l’Europe ne peut expliquer qu’en l’attribuant à l’esprit d’absence et d’imprévoyance qui caractérise vos conseils. Vous êtes peut-être aujourd’hui la seule nation éclairée chez qui la tolérance ne soit pas établie. Vous voulez et vous ne voulez pas : et s’il était vrai que les Pitt et les Granville eussent quitté le ministère parce que