Aller au contenu

Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/317

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

a perdu par sa mort un citoyen zélé, éclairé, et désintéressé. Cette dignité dont il a été plusieurs fois honoré marque assez la confiance qu’avaient en lui ses concitoyens. Et cependant le ciel l’a fait mourir, en quel endroit ? à cent lieues de son pays, dans une contrée étrangère, indifférente à son existence, éloigné de ce qu’il avait de plus précieux. Un fils, il est vrai, l’a assisté, dans ce moment terrible ; ce dut être pour lui une consolation bien grande, mais certainement pas comparable à la triste joie qu’il aurait éprouvée s’il avait terminé sa carrière dans sa maison, près de son épouse et au sein de sa famille. Mais l’être suprême ne l’a pas ainsi permis : sa volonté est immuable, lui seul peut nous consoler. Hélas ! du moins s’il nous a privés de ce que nous avions de plus cher, il nous a encore laissé les personnes qui seules peuvent le remplacer.

Daignez donc nous tenir lieu du père que nous avons perdu. Notre attachement, notre reconnaissance seront proportionnés à un service si grand. Je finis en vous souhaitant une santé semblable à la mienne.

Votre très humble et très obéissant serviteur et neveu,
Napoleone de Buonaparte[1].

.

  1. L’acte de sortie de Brienne (17 octobre 1784) désigne le futur empereur de la façon suivante : « M. Napoléon de Buonaparte, écuyer. »