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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/347

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vous la rendez malheureuse. Laissez-la danser tant qu’elle veut, c’est de son âge. J’ai une femme qui a quarante ans[1] ; du champ de bataille je lui écris d’aller au bal. Et vous voulez qu’une femme de vingt ans qui voit passer sa vie, qui en a toutes les illusions, vive dans un cloître, soit comme une nourrice toujours à laver son enfant. Vous êtes trop vous dans votre intérieur, et pas assez dans votre administration. Je ne vous dirais pas tout cela sans l’intérêt que je vous porte. Rendez heureuse la mère de vos enfants ; vous n’avez qu’un moyen c’est de lui témoigner beaucoup d’estime et de confiance. Malheureusement, vous avez une femme trop vertueuse ; si vous aviez une femme trop coquette, elle vous mènerait par le bout du nez. Mais vous avez une femme fière, que la seule idée que vous puissiez avoir mauvaise opinion d’elle révolte et afflige. Il vous aurait fallu une femme comme j’en connais à Paris. Elle vous aurait joué sous jambe, et vous aurait tenu à ses genoux. Ce n’est pas ma faute, je l’ai souvent dit à votre femme.

  1. Pure galanterie de Napoléon pour sa créole. Joséphine avait alors quarante-quatre ans. Mais, par ordre, l’Almanach Impérial la faisait toujours naître le 24 juin 1768. Or, Eugène était né en 1780.