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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/36

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Madame de Rémusat, avec ses Mémoires taquins et bavards, l’a essayé. À part une réputation de femme de chambre chassée pour avoir trop écouté aux portes, je ne vois pas bien ce qu’elle y a gagné. Le livre de M. le général Th. Iung, Bonaparte et son temps, est un ouvrage inspiré par un ardent patriotisme, j’en conviens, mais aussi par une singulière passion politique. Il est sans intérêt pour l’histoire de l’art ; et même, patriotiquement parlant, on doit regretter l’application, les soins raffinés, à l’aide desquels l’auteur a tenté de rabaisser l’homme dont le nom seul faisait trembler l’Allemagne, notre implacable ennemie. Quand je vois attaquer Napoléon, — précisément de la manière dont s’y est pris l’honorable auteur de Bonaparte et son temps, — je crains toujours un peu qu’on ne diminue la France. Sans compter qu’il faut être bien sûr de son infaillibilité, — récemment les évêques du monde entier la refusaient au Pape, — pour faire ainsi le procès aux millions d’humbles électeurs qui votèrent le Consulat à vie et l’Empire et aux généraux, savants, fonctionnaires, parlementaires, financiers, diplomates et autres personnages, tous très distingués, qui hissèrent Napoléon sur le pavois, et le servirent longtemps avec autant d’intelligence que de dévouement. On assure même que les fonctionnaires et les généraux de ce temps-là valaient bien ceux du nôtre. Quant aux deux longs articles que M. Taine a fraîchement fulminés contre Bonaparte, dans les colonnes de la Revue des Deux Mondes, ils ne paraissent avoir causé aucun tort à l’admirable style des Proclamations, des Lettres et des Mémoires, aucune dégradation à la statue du général français qui commandait aux Pyramides et à Iéna. On s’accorde même communément à croire, de concert avec une princesse des plus lettrées de ce temps-ci, que le seul personnage qui ait souffert de ces articles est Napoléon-Taine.

L’éducation première de Bonaparte a donné lieu à quelques erreurs, et cela fort innocemment à mon avis. Les écrivains qui ont précédé ceux de notre époque manquaient