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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/382

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l’œil fripon, à la démarche monotone !…[1] Mille baisers bien tendres, comme mon cœur.


XXII

Vérone, le 9 novembre 1796.

Je suis arrivé depuis avant-hier à Vérone, ma bonne amie. Quoique fatigué, je suis bien portant, bien affairé, et je t’aime toujours à la passion. Je monte à cheval. Je t’embrasse mille fois.


XXIII

Caldiéro, le 13 novembre 1796.

Je ne t’aime plus du tout ; au contraire je te déteste[2]. Tu es une vilaine, bien gauche, bien bête,

  1. Ou a pu remarquer que Bonaparte n’est étranger, dans ses lettres d’amour, à aucun des artifices de la ponctuation française.
  2. La veille, le général en chef Bonaparte avait échoué dans sa tentative contre les troupes d’Alvinzy, à Caldiéro. Les Autrichiens se flattaient de reprendre Vérone. La situation de l’armée d’Italie était critique. C’est ce moment, périlleux entre tous, que Bonaparte choisit pour faire des reproches à Joséphine. Singulière nature que celle des hommes qui peuvent ainsi se dédoubler dans les moindres actes de leur vie !