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Page:Bonaparte - Œuvres littéraires, tome 1, 1888.djvu/75

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Ces Achilles d’une Iliade
Qu’Homère n’inventerait pas.

. . . . . . . . . . .

Si leurs mains tremblent, c’est sans doute

Du froid de la Bérésina ;
Et s’ils boitent, c’est que la route
Est longue du Caire à Wilna.

. . . . . . . . . . .

Ils furent le jour dont nous sommes

Le soir et peut-être la nuit.

La prose de Gautier n’est pas moins enthousiaste que ses vers. Dans une préface célèbre, il appelle Napoléon : « un conquérant qui résume, en les grandissant, César, Alexandre et Charlemagne, et présente, au milieu de la civilisation moderne, un de ces types démesurés, confluents de toutes les facultés humaines, qu’on ne croyait possibles que dans le monde antique. » Le poète ajoute encore : « C’est là un nom que la terre ne saurait désapprendre et que prononcera la bouche du dernier homme. » Stendhal, au début du Rouge et Noir, met une note où il se déclare fier d’avoir porté le casque de dragon sous Bonaparte. Plus tard, il l’apostrophait en termes enthousiastes, lui dédiant son Histoire de la Peinture en Italie ; et comme il ne se trouvait pas encore en règle avec l’homme « qui l’avait pris par sa boutonnière à Gœrlitz, » le même Stendhal écrivait une Vie de Napoléon. Pour Gustave Flaubert, au dire de M. Albert Duruy, Napoléon était « un immense bonhomme. » L’éloge n’est pas mince venant de Flaubert.

Notre époque, elle aussi, a vu les écrivains donner un souvenir à Napoléon Bonaparte, en maints passages de leurs œuvres. Théodore de Banville, à propos d’un acteur fameux, a fait justice des sottes manies, des bizarreries de tenue, dont l’affublent les mauvais comédiens, dans les pièces où il est en scène. Le doux poète des Exilés, citant un jour le nom de Coignet, en a pris prétexte pour rap-