Aller au contenu

Page:Bonnaire - Les Trois Victimes, 1860.pdf/2

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 2 —


Quelle étrange auréole au loin nous illumine !
Est-ce un embrasement, ou l’éclat d’une mine,
Ou d’un nouvel Etna la sourde éruption ?…
Aux menaçants abords de la rouge fournaise,
Qui ne ressent en soi comme un secret malaise,
Et ne frémit d’émotion ?…

Sur les murs chancelants de l’édifice en flammes,
Voyez-vous, — d’un pied sûr, sans souci de leurs femmes, —
Courir, la hache au poing, ces hardis sauveteurs ?
À travers les brasiers, — du fléau délétère,
Leur habile manœuvre, en son ardent cratère,
Concentre, étouffe les fureurs.

Paisibles habitants des cent maisons voisines,
Qui redoutez encor ces fumantes ruines,
Dans vos foyers rentrez,… goûtez-y le sommeil…
Et vous, dompteurs de feux, égide des familles,
Allez, de vos moitiés, de vos fils, de vos filles,
Réjouir l’inquiet réveil…

Mais, dans les rangs pressés de la foule tremblante,
Un horrible fracas a jeté l’épouvante…
À l’appel de leur chef, trois n’ont point répondu !
Où sont-ils ?… où sont-ils ?… — Sous l’amas de décombres
Gisaient, tout pantelants, trois cadavres,… trois ombres…
Triste holocauste, inattendu !!!