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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/114

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CHARLOT S’AMUSE

thésie subite s’était emparée de lui, secouant ses organes et faisant vibrer le plus profond de son être. Il n’avait plus la force de rendre ses baisers à son ami, et il se taisait, fermant les jeux, sentant revenir, délirante, spasmodique, la jouissance mystérieuse qu’il avait éprouvée, après ses premiers tâtonnements, le soir des funérailles de son père. Bientôt, il se roidit, convulsé.

Frère Origène le regardait, hagard, attendant qu’il revint à lui.

Quand Charlot rouvrit les yeux, ce fut pour se jeter au cou de son maître. Mais lorsqu’il y fut reposé, lorsque sa respiration se refit régulière, il voulut, pris de la curiosité fatale de l’enfance, comprendre enfin, savoir. Et l’ignoble nymphomane ensoutané l’instruisit, éprouvant dans son inconsciente perversion générique une atroce jouissance à faire succéder la souillure morale à la souillure manuelle.

Une demi-heure après, le crime irrémédiable était accompli ; l’ignorantin avait fait un nouvel élève à qui les monstrueux mystères des pratiques unisexuelles seraient désormais familiers. À jamais, il était détraqué, le petit malheureux qui souriait maintenant, l’œil humide de plaisir. Fatale, la névrose héréditaire qui le prédisposait à la chute allait pouvoir éclater,