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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/134

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CHARLOT S’AMUSE

tant chaque nuit, comptant toujours que l’ignorantin trouverait un moyen d’ouvrir la porte et de venir le consoler. Et, à chaque désillusion nouvelle, il le maudissait davantage, se sentant plus malheureux.

Avec cela il n’éprouvait pas les énergiques révoltes de certains enfants plus mâlement trempés. Il avait des terreurs féminines. Lorsque l’heure s’écoulait, perdant tout espoir de revoir son ami, il pleurait, se promettant bien, le lendemain, de se mettre à la fenêtre, d’ameuter les passants en se plaignant qu’on le tînt enfermé, ou de briser sa chaise contre la mince cloison qui le séparait du dortoir des sous-maîtres et de leur crier à travers le mur tout ce qu’il pensait du directeur et d’eux-mêmes. Mais quand le jour revenait, sa colère s’affaissait : il n’osait plus. Une lâcheté l’amollissait, grandissant chaque jour avec sa faiblesse physique, et, lorsque frère Hilarion arrivait, il n’avait plus même le courage de se plaindre, sentant son cœur défaillir et ses jambes trembler rien qu’au bruit bien connu de la clé tournant dans la serrure.

Plus violentes d’ailleurs que jamais, ses habitudes onanistiques l’avaient repris. Il s’y livrait machinalement, à présent, avec une sorte d’hébétude, sans excitation préalable, et