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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/145

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CHARLOT S’AMUSE

— Allons, cher frère, n’ayez pas peur. Voici le moment de vous armer d’un peu de votre fameuse résignation chrétienne ! Que diable ! offrez vos souffrances à Jésus… D’abord, ce ne sera pas long…

Il retroussait ses manches en examinant de nouveau le blessé.

— Alors, c’est entendu, dit-il, mon cher confrère ? Vous croyez, comme moi, que la mèche du porte-plume a pénétré dans la prostate ?… Je vais faire une incision sur le raphé périnéal et extraire l’objet…

Mais, brusquement, il se redressa et apostrophant le malade :

— Ah ! ça, mon frère, quelle idée avez-vous eue d’introduire votre porte-plume la mèche la première ?…

Charlot n’en entendit pas davantage. Le médecin avait ouvert sa boîte, et sur le velours rouge qui en capitonnait les parois, les instruments d’acier poli luisaient avec leurs lames aiguës, leurs pointes acérées et leurs scies effrayantes. L’enfant se sentit défaillir, serra les dents, ferma les yeux et, rigide, pâle, écrasé, s’écroula, perdant connaissance.

Il était étendu à présent au milieu des papiers et des livres. Sa joue collée sur un paquet de cahiers d’école à couverture illustrée, semblait