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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/155

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CHARLOT S’AMUSE

— Je vais te renvoyer chez toi, mon petit ami…

Le gamin éclata en sanglots. Le mariste le regardait stupéfait de cette grosse et bruyante douleur. Puis, les larmes de l’enfant coulant plus fort, il l’attira près de lui, l’interrogeant avec de câlines paroles et d’affectueuses caresses, Bébé, devinant une sympathie compatissante, ne put taire plus longtemps son débordant secret, cédant à cet instinctif et naïf besoin qu’ont les faibles de confier joies et douleurs. Il raconta les misères qu’il avait subies chez les ignorantins, éprouvant dans son chagrin un âcre bonheur de se venger d’Hilarion. Cependant, les dernières recommandations d’Origène lui revenant soudain à l’esprit, il essaya de passer sous silence l’intimité de ses relations avec son bon ami. Mais le mariste devina sans peine qu’on lui cachait quelque chose et, avec l’adresse papelarde des gens d’église, eut bientôt fait de retourner son élève et de le contraindre — sans paraître le violenter, — à préciser davantage et à tout lui dire, jusqu’à la maladie du sous-maître et à l’opération qu’il avait subie. Charlot avouait tout avec la vague sensation d’un soulageant allégement et prévoyant qu’il évitait un retour à la rue des Récollets, par cette confession