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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/158

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CHARLOT S’AMUSE

sement prématuré, le défendait suffisamment contre les assauts et les surprises de ses sens. Et grave, les yeux mi-clos, avec l’énergie d’une conviction farouche et l’enthousiasme étroit de ses vieilles passions déviées, il termina ses méditations par une fervente action de grâces. Un dévot frémissement faisait trembler ses lèvres minces et il ne gardait du combat intime dont il sortait triomphant qu’une furtive rougeur à l’idée de le confesser au vieux Choisel.

Celui-ci allait entrer à la sacristie quand Charlot et le mariste pénétrèrent dans la cathédrale. En deux mots, prononcés à voix basse, Isidore mit l’abbé au courant de la situation, puis l’enfant suivit le vieillard dans une chapelle latérale.

Une terreur avait saisi le gamin sous le froid des voûtes sombres dont ses pas en sonnant sur les dalles réveillaient les échos. Ce petit curé ratatiné et maigriot lui paraissait terrible, avec sa figure d’ascète, couleur de vieil ivoire d’un jaune de cire sur les méplats des joues et grosse comme le poing, mais qu’éclairait étrangement la flamme des yeux caves, plus profonds sous l’ombre des sourcils broussailleux.

Le prêtre marchait sans faire de bruit, glissant comme une ombre entre les piliers, sans briser d’un heurt ou d’un frôlement contre les