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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/187

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CHARLOT S’AMUSE

renoncé à la création de son école professionnelle, il avait alors éprouvé de nouvelles craintes. Qu’allait-on décider ? Allait-on le renvoyer à Paris ? Sa protectrice était heureusement intervenue, incapable de se faire à l’idée d’une séparation qui éloignerait d’elle le cher petit. Elle avait déclaré se charger définitivement de son sort. Au fond, elle nourrissait le rêve de l’adopter, après qu’il aurait terminé ses études. Il deviendrait un prêtre. Elle vivrait bien jusqu’à son ordination. Elle aurait alors, pauvre vieille tremblotante, l’ineffable bonheur de demander le secours de son saint ministère au jeune abbé qui lui devrait tout, au blondinet qu’elle avait recueilli, dorloté avec amour et vu courir dans sa maison, jadis silencieuse, mettant, des appartements au jardin autrefois endormi, l’exquis tapage et le délicieux souffle de la vie de son enfance débordante. Le soir, en l’embrassant, elle le voyait déjà ensoutané et tonsuré, rose dans le costume sombre, angélique, avec ses beaux yeux si doux. Il prêchait pour la première fois dans une humble paroisse des faubourgs ou des environs, et elle allait l’entendre, perdue au premier rang de ses ouailles, écrasée de joie, et bénissant le Seigneur qui lui donnait cette dernière grâce et cette félicité, en échange