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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/211

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CHARLOT S’AMUSE

l’écho gronder sous les marches. Un grand trouble lui venait avec une furtive rougeur. Il se rappelait, refoulant ses larmes, qu’à quatre heures même, juste au moment où sa bonne maman le demandait, il était au Sapin qui pisse, dans la forêt, en train de souiller bestialement la mousse épaisse et matelassée, dont l’élasticité rendait plus délirant son immonde plaisir. Et, la main sur la rampe de l’escalier, les yeux clignotants, il lui semblait encore entendre l’agaçant et doux gargouillement de l’eau qui, dans l’auge là-bas, tombait du tube rigide, planté à même dans l’écorce de l’arbre. Il revoyait la fontaine feuillue et vivante dont la source incontinente chantait monotone, et, vainement, il se débattait contre cette vision, ainsi que dans un cauchemar.

Cette coïncidence entre son accouplement hideux avec la terre et le suprême appel de sa mère adoptive l’étreignait si poignante, qu’il n’osait ni entrer, ni demander si la pauvre vieille vivait encore. Jamais il ne s’était trouvé aussi vil, aussi lâche, aussi malade, aussi malheureux. Pourquoi n’était-ce pas lui qui était mort ? Et ses vieilles idées de religiosité fataliste et bête le ressaisissaient : le bon Dieu le punissait pour sûr. Chaque fois qu’il cédait à son ignoble passion, il lui arrivait malheur. Il