Aller au contenu

Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/214

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
202
CHARLOT S’AMUSE

situation que lorsque le prêtre, se levant, lui mit cinquante francs dans la main, en lui donnant l’adresse d’un avoué bien pensant qui l’emploierait dans son étude. On le chassait poliment : Mlle de Closberry était morte sans avoir ajouté un codicille à son testament. L’acte que le jeune homme venait d’entendre était antérieur à son arrivée chez elle.

Soit, en effet, qu’elle n’eût pas cru à la gravité de sa maladie, soit que les prêtres l’eussent depuis un mois détournée de laisser sa fortune à son fils adoptif, la vieille fille n’avait pas communiqué au notaire la promesse qu’elle avait souvent faite à Charlot d’assurer son avenir.

Chassé ! Il éprouva la sensation d’un coup de massue sur la nuque, et s’en fut titubant, heurtant les meubles. Une heure après, son déménagement était opéré. Quand il se retrouva dans une chambre garnie banale et froide, il eut une crise de violent désespoir. Ce n’était pas, pourtant, qu’il regrettât cette fortune qui lui échappait. Il n’y avait jamais pensé jusque-là, en ignorant même la valeur, et ne sachant pas le prix de l’argent, mais quelque chose était détraqué en lui par sa brusque expulsion. Il lui semblait qu’on renversait tous ses souvenirs, qu’on rendait amères les douceurs de son