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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/216

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CHARLOT S’AMUSE

au collége les jours de distribution de prix. Tout à coup, il songea qu’il était seul dans sa chambre, à l’abri des surprises, les rideaux clos, la porte fermée au verrou et qu’il avait une glace en face de son lit. Depuis quinze jours, il avait, confiné dans sa douleur, oublié ses obscènes pratiques. Pourquoi se contiendrait-il davantage, maintenant ? En cédant aux suggestions lancinantes de sa névrose, il lui semblait d’ailleurs qu’il allait se venger des sœurs, des prêtres, de l’injustice du sort, de la société tout entière. Lentement, il retira tous ses vêtements, voulant faire durer son plaisir et rendre plus délicieux ce retour à la boue dans laquelle il sombrait. Et quand, avec une maladive admiration de son corps, il eut étalé la maigreur de ses chairs flétries d’adolescent mal éclos, il eut un sourire étrange de maniaque. Un libido féroce le secouait déjà, mais, dans sa ressouvenance rancunière de son orgueil blessé, de sa tendresse à jamais morte, il se roidit, rappelant sa raison, et, avant de se poster devant la glace, il se tourna vers la croisée, s’orientant, cherchant dans quelle direction se trouvait le presbytère. Alors, avec une dernière injure à ses spoliateurs, il eut un geste ignoble. Puis, il s’abandonna, grinçant des dents, l’œil égaré, se