Aller au contenu

Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
10
CHARLOT S’AMUSE

lûment, il poussa le battant de la porte et pénétra dans l’allée.

D’abord, il hésita, perdu qu’il était dans l’obscurité, mais, peu à peu, grâce à l’angle aigu d’un toit, surgissant tout luisant dans le fond, tout au fond de la cour, et faisant repère, il découvrit un véritable rectangle étroit et mal pavé. Des maisons inégales accrochées les unes aux autres, sans symétrie, au hasard, le bordaient d’un rapiéçage de bâtisses banales.

À l’entrée, à droite et à gauche, des châssis vitrés protégeaient le séchoir d’un teinturier, et la pluie battait sur les carreaux de verre une marche monotone dont les soudaines rafales du vent rompaient seules, par instants, la désespérante régularité.

Rémy avançait toujours, cherchant à retrouver dans la cité endormie la porte de Duclos sans réveiller l’enfant. Comme il butait sur les pavés, un gros chien gronda et une voix enrouée s’éleva dans le silence : « Tais-toi, Porthos… » ; puis, une fenêtre s’ouvrit et une femme en bonnet blanc et tenant une chandelle y apparut. La flamme affolée éclaira une minute la cour remplie d’eau, les pans de murs, les vives arêtes des toits, les guenilles pendues aux fenêtres entre les pots de fleurs,