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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/302

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CHARLOT S’AMUSE

sur des pieds mobiles, et, tout au bout, contre le mur, semblable à la toile de fond d’un théâtre, un immense tableau représentant Esquirol au milieu des folles. Charlot écoutait mal, tout à la contemplation de quelques jeunes femmes d’une laideur intelligente qui, à côté de lui, lisaient gravement leur cahier de notes et repassaient la leçon du dimanche précédent, le crayon déjà à la main.

Cependant, la scène se peuplait. Les élèves du maître s’asseyaient sur les côtés, et le préparateur allait et venait, disposant tout, faisant voler son tablier à chacune de ses enjambées, avec l’air affairé d’un régisseur. Brusquement, le professeur entra et tout le monde se leva en applaudissant. Charlot le dévorait du regard, se rappelant à présent ce qu’il avait lu dans les journaux sur ce savant, à l’époque où la presse commençait à faire sa réputation. Il examinait le docteur avec cette curiosité respectueuse du provincial pour toutes les notoriétés, lui trouvant un masque empâté de premier consul, et l’aspect bonhomme, malgré la profondeur calme de son regard et le développement de son front de penseur. Et, naïvement, il s’étonnait de ce que cet homme célèbre portât un col à la Garnier-Pagès, eût la face rasée, et laissât ses cheveux tomber en