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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/356

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CHARLOT S’AMUSE

condes, il avait haleté, ne trouvant plus son souffle, brisé par l’inutile contraction de ses poumons. Ce serait sans doute la même chose, mais l’eau lui remplirait immédiatement la gorge et il ne souffrirait plus. Il mettrait d’ailleurs dans sa poche deux moellons pris à côté, au tas accumulé pour les réparations du barrage ; du premier coup, il coulerait.

Cependant, il avait — toujours pour faire comme les héros de ses livres — cherché à repasser sa vie, mais ses souvenirs s’étaient dérobés, et, devant ses yeux, deux figures passaient seulement dont le rapprochement lui soufflait une intime indignation, celles de Mlle de Closberry et de Fanny. Il se demandait si, dans la mort, il reverrait la première, s’irritant de ce que son souvenir, en ce moment suprême, ne l’attendrît pas davantage. C’est le rhum ! pensa-t-il. Et, toujours, il revenait à ces idées d’une réunion après la mort et d’une survie dont on avait bercé son enfance. Des doutes le reprenaient. Ce n’était pas possible, ce serait trop beau ainsi. Ce devait être au contraire un anéantissement complet, une destruction totale. Après tout, cela valait mieux ; il était tellement enguignonné que, dans l’autre monde, il serait peut-être encore malheureux ! Seulement, il regrettait que les