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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/77

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CHARLOT S’AMUSE

deux ou trois embardées, heurtant les murs, rejeté en arrière par la violence des chocs et, à chaque heurt, crevant, avec un grand fracas de vitres, une des fenêtres du premier.

À bout de forces, Charlot s’était laissé tomber défaillant et se sentant pris d’une crise nerveuse qui le secouait en lui tordant les membres. Dans une fatale hérédité, la folie épileptique dont était morte sa grand-mère semblait alors envahir son cerveau, tout d’un coup, comme si, latente jusque-là, elle éclatait en furieuse tempête, à cette heure, provoquée par les cruelles émotions sous lesquelles l’enfant succombait depuis deux jours, et qui, maintenant, débordaient.

Autour de lui, les femmes s’empressaient, compatissantes. On lui jetait de l’eau au visage, on tapotait le creux de ses mains, on lui faisait respirer du vinaigre. Il rouvrit les yeux et la crise enrayée se fondit dans une explosion de sanglots.

À quelques pas, un autre groupe, impitoyable celui-là, railleur même, entourait le portier. La mère Rosier, prévenue, arriva enfin et, en un clin d’œil, tout en l’accablant d’injures, débarbouilla le misérable dont les jambes flageolaient et qui bégayait, livide encore d’horreur.

Cependant, les croque-morts continuaient