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Page:Bonnetain - Charlot s'amuse, 1883.djvu/99

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CHARLOT S’AMUSE

— Ah ! tu ne veux pas, mauvais chrétien ! Nous allons voir !

Et frère Eusèbe empoigna Charlot sous son bras et l’emporta comme un paquet. Arrivé au premier étage, il ouvrit la porte du parloir, et jeta son fardeau sur le sol.

Le gamin frissonnait, ne reconnaissant pas cette pièce où il n’était pas encore venu et où le demi-jour filtrant à travers les volets clos permettait à peine de distinguer la couleur des meubles. Dans l’effroi d’un châtiment inconnu, ses cheveux se hérissaient, et il claquait les dents, n’osant bouger. L’homme ferma la porte à clef, donna un peu de lumière et s’assit sur un fauteuil.

— Ôte ton pantalon !

Charlot obéit, tout pâle, et sentant ses jambes flageoler sous lui. Alors, le frère Eusèbe le reprit. Les joues du misérable tremblaient, sa respiration sifflait et son regard brillait d’une flamme étrange. Lentement, il promena ses mains sur les nudités de cette chair d’enfant ; mais, comme Bébé frissonnait plus fort, la chair de poule bleuissant sa peau de gros grains, l’homme sentit, comme dans un désappointement, sa colère renaître. Brusquement, il saisit sa victime par le cou, et la courba à genoux devant lui, lui maintenant violem-