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Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/22

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chement : Oui, je suis républicain ! Qu’on demande au duc d’Orléans, le père, s’il se souvient, lorsqu’il allait s’assermenter le 9 août à l’ex-Chambre, de la voix qui le poursuivait, lui jetant à la face les cris Liberté et République, au milieu des acclamations d’une populace pipée ? Oui ! je suis républicain, mais ce n’est pas le soleil de juillet qui a fait éclore en moi cette haute pensée, je le suis d’enfance, mais non pas républicain à jarretière rouge ou bleue à ma carmagnole, pérorateur de hangar et planteur de peupliers ; je suis républicain comme l’entendrait un loup-cervier : mon républicanisme, c’est de la lycanthropie ! — Si je parle de République, c’est parce que ce mot me représente la plus large indépendance que puisse laisser l’association et la civilisation. Je suis républicain parce que je ne puis pas être Caraïbe ; j’ai besoin d’une somme énorme de liberté : la République me la donnera-t-elle ? je n’ai pas l’expérience pour moi. Mais quand cet espoir sera déçu comme tant d’autres illusions, il me restera le Missouri !… Quand on est ici-