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Page:Borel - Rapsodies, 1868.djvu/45

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Qu’en ce moment tu dois souffrir !
Pour chasser l’ennui de l’attente,
Pour endormir mon âme ardente.
Et pour recevoir tes attraits ;
Je fais de ces fleurs que tu cueilles,
Du martagon aux larges feuilles,
Un lit de repos sous ce dais.

Tu m’avais dit… le temps se passe,
En vain j’attends, tu ne viens pas ;
Et la lune sur ma cuirasse
Brille et pourrait guider tes pas ;
Peut-être un rival ?… Infidelle ! —
Il dit : S’éloigne, vient, chancelle,
Faisant sonner ses éperons ;
Et de rage et d’impatience
Il fouille le sol de sa lance,
Et va, poignardant de vieux troncs.

Soudain, il voit une lumière
Qui vers le manoir passe et fuit ;
Un cercueil entre au cimetière,
Un blanc cercueil. — Eh ! qui le suit ?
Horreur ! eh ! n’est-ce pas ton père
Qui hurle ainsi, se traîne à terre ?…
Je t’accusais !… tiens, à genoux :