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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/12

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les taxer de mauvaises chances ou de fâcheux hasards.

Nous n’en parlerions pas, s’il ne nous avait paru que nous devions quelques explications au lecteur pour la hardiesse qui nous fait braver la concurrence redoutable qui nous a précédé. Nos raisons, les voici :

Le sujet que nous traitons, c’est-à-dire la lutte religieuse entre l’homme et la femme, est si multiple et si vaste, qu’il n’a pas été épuisé par la gracieuse composition d’Octave Feuillet, ni par la forte et admirable création de George Sand. L’écrivain de génie et l’écrivain de talent se sont tenus tous deux dans une sphère idéale qui permet à la théorie tous ses libres développements, mais qui ne la met point aux prises avec les plus épineuses entraves de la réalité.

Dans un milieu moins élevé, peut-être, mais plus agité par le courant ordinaire des choses de la vie, l’action serrant le réel de plus près, la vérité morale peut acquérir une force pratique tout indépendante du talent de l’écrivain qui a cherché à la mettre en évidence.

Cette considération est notre première raison d’être. La seconde, c’est que la situation de notre héroïne n’est point identiquement la même que celle de Sibylle et de mademoiselle de la Quintinie. Toutes les deux se refusent à contracter un mariage qu’elles considèrent comme dangereux pour l’avenir de leur foi et le repos de leur conscience.