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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/15

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UNE FEMME
BIEN ÉLEVÉE


I

Neuf heures du matin sonnaient à peine, et déjà la main experte et légère du plus habile coiffeur de Rouen achevait de poser sur la tête de mademoiselle Adrienne Milbert le voile et la couronne de mariée. Quand l’artiste eut attaché la dernière épingle, il embrassa d’un coup d’œil l’œuvre dont il venait de créer si complaisamment les détails, et, convaincu de sa complète réussite, il s’affirma à lui-même que c’était bien. La jeune fille, à son tour, jeta un regard sur la glace, fit un signe d’approbation, et, soit excès de modestie ou d’orgueil, sembla aussitôt s’oublier elle-même.

Elle descendit au salon, donnant le bras à son père, homme lent, épais, craintif, mais