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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/195

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harem : je serais capable de me contenter de la seconde place ! » Révoltée à cette pensée, elle essayait, par tous les moyens possibles, de se fuir elle-même ; mais elle n’échappait pas à cette tâche accablante, à cet odieux tourment de gouverner un être qui ne se possède plus.

Ce fut à cette époque que de graves changements commencèrent à se marquer dans le caractère de Félicien. On l’a vu subir avec une grande longanimité le retranchement de plaisirs et l’accumulation d’ennuis qui constituaient son existence dans le mariage ; mais depuis son voyage à Nancy, il avait repris le goût du bonheur. Encore une fois, il avait essayé de le trouver dans une intime association de tendresse avec Adrienne, et plus que jamais il avait été durement repoussé. Adrienne s’était défendue avec l’énergie de la peur : elle ne voulait aimer qu’un mari converti.

Alors Félicien était devenu taciturne, concentré ; il se livrait à l’étude avec une persévérance froide que ne soutenait aucun enthousiasme, et qui n’était peut-être qu’un effort désespéré de sa volonté.

Adrienne comprenait vaguement qu’il cherchait à fortifier sa position en se séparant