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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/238

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— C’est-à-dire que vous feriez de ma fille une chrétienne indifférente, qui pratiquerait peut-être par habitude ou convenance, et qui ne s’inquiéterait ni de la foi de son mari dans les sacrements, ni du culte qu’il rendrait à Marie.

— Indifférente ou non, qu’importe ; car je suis persuadé qu’une femme, même rigoureusement orthodoxe, pourrait vivre en parfaite intelligence avec un philosophe comme moi. Il ne faudrait qu’une bien petite chose pour opérer ce miracle : l’amener à la confiance dans la sincérité des convictions qui se produisent en dehors de l’Église. De cette confiance naîtrait le respect, et tout serait facile alors. Mais je sais bien que, si cette tolérance devenait la loi générale, elle anéantirait l’esprit de secte, refuge de tant de vanités et d’ambitions, et détruirait cette propagande affairée qui cultive la puérilité comme le plus fécond moyen de succès, et semble se proposer particulièrement dans le culte l’amusement des femmes et des jeunes gens.

Je ne suis pas arrivée à la fin de mon martyre, pensa Adrienne. Persuadée déjà que le salut de son enfant était menacé par son mari