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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/26

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tout concilier, ajoutai-je, puisque vous me paraissez décidément d’une opinion différente de la mienne : restons quelques jours à Strasbourg ; pendant ce temps nous écrirons à ma mère pour lui demander conseil, et nous agirons ensuite d’après son avis.

« Félicien m’écoutait et me regardait, semblant ne pouvoir en croire ni ses oreilles, ni ses yeux.

« — Je ne te savais pas si grave, si prudente, reprit-il enfin ; jusqu’alors tu t’étais montrée jeune et un peu frivole même, et je t’aimais ainsi.

« — On m’a appris, répondis-je, à traiter légèrement les choses légères et sérieusement les choses sérieuses.

« — Enfant ! s’est-il écrié, as-tu eu le temps d’apprendre ce qu’il y a de vraiment sérieux dans la vie ?

« Cette pitié dédaigneuse me blessa, et peut-être aurais-je témoigné mon dépit, si je n’avais été arrêtée par l’affection qui se peignait dans le regard de Félicien.

« — Veux-tu m’aimer, dit-il, et avoir confiance en moi ?

« — Ne vous aimé-je pas autant qu’une femme doit aimer son mari ?