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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/271

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sés à ceux de la jeune femme, il y avait dans son accent une onction attendrissante qui aurait pu entraîner même sans convaincre. Mais c’étaient surtout les formes de son langage qui la subjuguaient. Les formules pieuses dont il enveloppait ses pensées écartaient sa défiance et lui prêtaient une autorité que n’avait jamais eue sur elle la parole de Félicien. Certaines douceurs éloquentes sont comme une glu emmiellée dont l’âme ne peut se détacher.

— Vos reproches me pénètrent, dit-elle, et je suis disposée à reconnaître mes fautes, si j’en ai commis ; mais êtes-vous bien sûr de la vérité de votre doctrine ?

— J’obéis à l’inspiration de ma conscience, répondit Eusèbe avec simplicité ; mais si vous craignez que je ne m’abuse, consultez un guide plus expérimenté que moi.

— Non, il y a longtemps que je sens le besoin d’un secours spirituel, c’est Dieu peut-être qui vous envoie ; que sa volonté soit faite !

— Mais il me faudrait toute votre confiance, dit le jeune homme en hésitant, soit qu’il s’effrayât de la responsabilité ou des dangers de la tâche qu’il entreprenait.

— Vous l’aurez, répondit Adrienne.