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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/297

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jeune oiseau qui serait étouffé sous les plumes de sa mère.

Elle s’efforça de répondre :

— Mais, en vous accordant cette heure d’intimité, j’expose ma réputation.

— Je le sais ; aussi, ce serait trop peu de ne vous offrir que mon amour en échange ; je mettrai ma considération à côté de votre honneur ; la même chute les entraînera tous deux : ma destinée garantira la vôtre.

Cécile cherchait une raison, un argument pour résister au vœu de Félicien. Elle ne le trouvait ni dans son imagination ni dans son cœur égarés. Alors elle faisait un appel désespéré à sa mémoire, gardienne des maximes de la vertu ; mais sa mémoire, troublée aussi, ne lui fournissait rien.

Félicien reprit :

— On ne se trahit pas pour la première fois qu’on s’expose ; écoutez-moi seulement demain, et je jure de respecter votre liberté !

Une douce ironie, inspirée par un découragement sans regret, passa dans le sourire de Cécile.

— Avez-vous peur, dit-elle, que je n’obéisse pas ?