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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/304

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cien, et remettait à résister à ses projets au jour où ils seraient mieux définis.

En constatant l’indifférence de son mari à ses efforts, Adrienne était prête sans cesse à renoncer à son plan de conduite ; mais son jeune conseiller pénétrait si profondément dans sa conscience, pour y subjuguer son orgueil, qu’il l’obligeait encore à respecter ses instructions. La clairvoyance plus vive de la jeune femme compliquait cependant cette tâche. Jusqu’alors, elle avait été si prévenue d’elle-même, qu’elle se croyait au-dessus d’un outrage. À présent, elle commençait à douter, à craindre ; elle reconnaissait que Félicien était heureux, et le nom qui faisait sa joie apparaissait écrit autour d’elle en lettres flamboyantes. Là encore on retenait son impatience.

— Ne faut-il pas que je défende mes droits, disait-elle, ou que je renonce à tout espoir de retour de bonheur ?

— La route la plus sûre, lui répondait-on, pour trouver le bonheur, c’est d’apprendre à faire celui des autres.

Adrienne courbait son front humilié : la distance qui séparait cette sagesse de vieillard de