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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/39

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Cécile s’étonnait de la facilité avec laquelle Félicien se résignait à un manque de sympathie qui lui paraissait, à elle, la plus triste des privations. En ce moment, Adrienne accourait dans le jardin. Les deux époux, en se revoyant, éprouvèrent un léger choc intérieur. Ils comprenaient instinctivement que, pendant cette courte séparation, et au premier mot confidentiel qu’ils avaient prononcé, une soudaine désunion s’était faite entre eux, tous deux obéissant aux influences secrètes qui les appelaient à des pôles contraires.

La nuit était venue, on rentra au salon pour terminer la soirée. Adrienne prit une tapisserie qu’elle avait portée avec elle en voyage ; Félicien se mit à ombrer et à compléter des croquis de sites et de monuments qu’il avait pris sur sa route. Cécile seule était oisive, un livre était ouvert devant elle. Félicien y jeta les yeux. C’étaient les poésies d’Alfred de Musset.

— Vous l’aimez aussi ? dit Félicien.

— Est-ce que ce n’est pas une sympathie universelle ?

— Oui, et je m’en étonne, tout en partageant cette admiration : Alfred de Musset ne