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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/59

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Satisfait du mouvement d’horreur qu’il avait éveillé et dont quelque chose rejaillissait sur Félicien, le profond s’arrêta sur cette comparaison venimeuse. Mais son interlocuteur releva le gant, la discussion devint aussi emportée que blessante, et les dames commencèrent à s’effrayer. Madame Milbert était empourprée de honte, de voir que son gendre se montrait si ostensiblement irréligieux. Adrienne adressait à son mari de grands yeux humides et suppliants. L’émoi devint si général que les deux interlocuteurs, reconnaissant le désordre qu’ils causaient, se turent d’un commun accord, mais non sans échanger un regard où ils se disaient suffisamment que désormais ils étaient édifiés sur le compte l’un ce l’autre.

— Pourquoi ne jouez-vous pas, quand vous êtes chez ma mère ? dit Adrienne à son mari lorsqu’ils furent seuls.

— Je n’ai jamais touché une carte de ma vie, répondit-il.

Quelque temps après, elle lui disait encore de sa voix la plus douce :

— Vraiment, mon cher ami, vous êtes à nos soirées d’un désœuvrement qui me fait peine.