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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/95

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IV

Un voyage à Paris est toujours une chose importante pour les habitants de la province, car c’est une suspension de leurs habitudes aussi bien morales que physiques ; c’est une trêve à la routine, à la nonchalance, à l’économie, au chagrin, à l’ennui. Adrienne et Félicien se trouvèrent tous deux dépaysés, mais en sens opposé. Félicien était comme un homme qui rentre chez lui après un séjour forcé ailleurs : il s’étonne d’abord, puis la mémoire se réveille ; il se rend à lui-même, et il croirait volontiers que son âme, longtemps absente, lui est revenue. Adrienne, au contraire, avait quitté sa patrie et se sentait sur le territoire ennemi : c’est le propre des imaginations froides de s’effrayer