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Page:Bosquet - Une femme bien elevee.pdf/98

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pour se mettre à table. Il avait alors remercié son aimable hôtesse de leur avoir ménagé cette bonne surprise. Celle-ci avait répondu négligemment :

— Oh ! ce n’est point une rareté de rencontrer M. Morand ici ; c’est notre ami !

Félicien avait cherché le regard de Cécile pour y lire le vrai sens de ces paroles ; mais elle avait la tête tournée d’un autre côté.

Bientôt il s’était convaincu qu’Alphonse Morand ne passait jamais une journée sans venir chez madame de Nerville. Souvent il faisait une visite à Cécile dans la matinée et revenait le soir quand on était rassemblés au salon. Ainsi, c’était Alphonse Morand que Cécile attendait chaque jour. Félicien plaisanta son ami sur une habitude qui lui paraissait en désaccord avec le plan régulier de la vie d’un notaire, car telle était la profession de M. Morand.

— Je suis assez riche, avait répondu celui-ci, pour me passer de dot et de femme.

— De dot, soit ; mais de femme ! Est-il un homme qui possède plus que toi les qualités qui peuvent faire apprécier le bonheur domestique ?

— Eh bien ! ce bonheur, je le sacrifie sans