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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/108

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Le lendemain, de bonne heure, je quitte Varèze et l’hôtel de l’Europe, beau et bon logis, et je me dirige sur Laveno. Les environs de Varèze sont délicieux ; rien n’annonce que la guerre y a passé, ce qui fait honneur aux soldats garibaldiens : les condottieri d’autrefois ne laissaient pas si tôt oublier leur passage.

Des villas jaunes ou rouges, avec de beaux jardins, égaient partout la campagne. Une montagne, qu’une nue coupe en deux d’une manière très-pittoresque, forme le fond du tableau. Sur des points plus rapprochés sont des villages. Tout ici annonce l’abondance, nulle part je ne rencontre de mendiants. Les habitations se succèdent. Devant nous sont les montagnes ; à gauche est le lac Majeur que nous continuons à suivre. La vue est toujours admirable.

J’ai pour voisine, dans le coupé de la voiture, une très-jolie femme avec laquelle babille un abbé. Ces abbés musqués et coquets, en culottes, bas de soie et chapeaux à ailes, sont ici partout. Ne se refusant jamais à la conversation qu’ils entament presque toujours les premiers, ils sont ordinairement aimables et de bonne compagnie, et je ne suis jamais fâché d’en rencontrer.

Les montagnes qui entourent le lac, dont quelques-unes, dit-on, s’élèvent à deux mille mètres au-dessus de sa surface, lui donnent de ce côté quelque chose de sévère. Le lac Majeur est à peu près de deux cents mètres au-dessus du niveau de la mer ; sa longueur est de quarante-sept milles (quinze lieues), et sa largeur de huit milles.

Il est peu de champs où nous ne voyions des mûriers et d’autres arbres fruitiers.