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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/130

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sités, et qui dépensent en chemin plus de paroles que d’écus, leur suite ne consistant d’ordinaire qu’en ce bâton ferré et un petit sac qu’ils ont sur le dos.

Vient ensuite Dœrfli, où sont les ruines d’une forteresse construite, dit-on, par Gessler, ce loup-garou de la Suisse.

Silenen, bourg de quinze cent cinquante habitants, nous montre aussi ses ruines. Il est assez curieux que des châlets, chaumières de terre et de bois, aient survécu à toutes ces demeures féodales faites de bonnes pierres. La raison de ceci, c’est que les chaumières n’ont contre elles que le temps et les éléments, tandis que les châteaux forts, en outre de ces mêmes éléments, ont contre eux les hommes.

Le hameau de Reuss n’est connu que par ses noyers et autres arbres fruitiers.

Avant d’arriver à Bœtzlingen, on passe non loin d’un glacier, celui de Schlossberg. C’est quand on est dans ces voisinages qu’on regrette de n’avoir pas, avec plus de temps, le bâton ferré et les jambes des étudiants : eux seuls voient bien le pays, et peuvent en parler savamment sans avoir recours aux cartes et aux guides pour fixer leurs souvenirs.

Nous voici à Altorf : c’est une ville de quatre mille âmes, chef-lieu du canton d’Uri, remplie encore du souvenir de Guillaume Tell. Mais des évènements plus récents et qui ont laissé des traces moins poétiques que l’on voit encore, sont : le passage, en 1799, des armées françaises, autrichiennes et russes, et les combats dont ce malheureux canton fut si longtemps le théâtre et la victime.