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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/14

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spectacle. Cette plaine immense est couverte de tentes divisées en rues où doivent camper, dit-on, une soixantaine de mille hommes. Nous y voyons entrer plusieurs régiments venant d’Italie. Les turcos y sont déjà installés, et très-affairés en ce moment, car ils préparent leur repas, soin que ne dédaignaient pas non plus, Homère nous l’apprend, les héros de son temps.

Le major s’informe d’un sous-lieutenant au 2e voltigeurs de la garde, Belge comme lui, mais qui est naturalisé Français. Nous le trouvons dans sa tente. Il était aux batailles de Magenta et de Solferino. Il a fait aussi, comme sous-officier, la campagne de Crimée ; il y a gagné la médaille militaire, et la croix d’honneur à Magenta. Il se nomme de la G** et a vingt-cinq ans. C’est un officier instruit et capable, et qui fera son chemin. Il revoit avec un plaisir extrême le major qui est l’ami de sa famille. Il a lu quelques-uns de mes essais, et me fait mille politesses. Nous parcourons avec lui une partie du camp. C’est l’heure du déjeûner du corps d’officiers ; on vient nous y inviter. Nous refusons à regret, mais le major accepte une croisée qu’on nous offre, boulevard du Temple, pour voir, le 14, le défilé de l’armée dans Paris.