Aller au contenu

Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rable du Rhin qui coule au bas : on embrasse de là une partie de la ville et de sa banlieue. À droite, se dessinent le cours du fleuve et ses rives couvertes d’habitations. À gauche, les faubourgs disparaissent dans des massifs d’arbres. Au loin, les Alpes se perdent dans les nuages. Au total, cette terrasse, placée sur une hauteur et de plain-pied avec l’église, sans être bien étendue, fait une charmante promenade. Malgré le dimanche, ou peut-être à cause du dimanche qui est un jour de mortification dans les pays luthériens, elle est solitaire : tout ce qui la peuple en ce moment se compose de trois étudiants allemands qui parlent beaucoup et fort.

Ici, je suis enfin rejoint par le guide que j’avais demandé. Mon compagnon, qui n’avait pas voulu me quitter tant que j’étais seul, prend alors congé de moi. Je le remercie de sa grande obligeance, en me promettant bien de ne plus juger sur l’apparence.

Mon nouveau cicérone me conduit à l’église des dominicains, devenue temple protestant. C’est aussi l’heure du sermon et je ne veux pas entrer, bien qu’ici la porte soit ouverte. À côté est la prison. L’hôpital voisin a acheté tous les terrains environnants. Cet hôpital, anciennement la cour du marquisat, est un vrai palais avec jardin, bosquets, massifs de fleurs, orangers et autres arbustes de serre. Il est dirigé par des religieuses protestantes dites diaconesses. J’aime à voir un hospice ainsi tenu. Vaste et bien aéré, il est divisé en trois quartiers : 1° celui des vieillards, 2° celui des enfants, 3° celui des malades qui peut en contenir quatre à cinq cents, mais il n’y en avait que cent en ce moment.