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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/210

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beaucoup dans un pays où il abonde ; mais il en veut un franc que je lui paie en me disant : voilà un grand négociant en herbe.

Le conducteur me demande si c’est par goût que je suis aux secondes, puisque j’avais payé les premières. Les secondes étaient si propres, si élégantes, que je les avais prises pour les premières. Il ouvre une porte et, des secondes, j’entre de plain-pied dans ces premières dont le luxe et la commodité m’étonnent.

Me voici à Sissach, puis à Sommerau où je suis passé la surveille, et je m’aperçois encore ici que, faute de m’être orienté ou d’avoir consulté les cartes, je reviens sur mes pas et fais un chemin inutile. Décidément, moi qui me croyais marin, j’aurais été un mauvais pilote.

Nous passons un long pont valant au moins, pour sa hardiesse, le pont du Saint-Gothard, dit pont du diable, qui a bien pâli depuis les miracles des voies ferrées. Le Pausilipe, lui aussi, n’est plus qu’un four à côté de certains tunnels. Le pont sans eau, que nous franchissons, passe sur une vallée en unissant deux montagnes. La voie est bordée de rochers où l’on a tracé des lignes pour imiter des assises de pierre.

Pourquoi donc avons-nous la manie de défigurer les noms ? On ne connaît en Suisse ni Bâle ni Bienne, mais Basel et Biel, et quand on annonce une station, vous la cherchez en vain sur les cartes françaises et même les livres-postes et les guides qui lui ont donné un nom de leur façon en voulant franciser l’allemand, l’italien ou le suisse.

À la station de Lœufelfingen, étant descendu d’un wagon où j’étais seul, on m’avait oublié sur la voie