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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/215

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du pays. Militaire distingué, grand-prévôt des troupes suisses à Naples, il y jouissait de la faveur du roi, de laquelle il n’avait jamais usé que pour faire le bien. Ayant une grande aisance, il était parfaitement heureux, lorsqu’il eut le malheur de perdre sa femme en couche de son dernier enfant. Veuf, il se trouvait ainsi avec trois, dont l’aîné avait à peine douze ans.

Je me fais conduire chez lui. Je trouve une charmante maison placée à mi-côte et à laquelle on arrive par un beau jardin en pente terrassée.

Le commandant était sorti. Je dis au domestique que je reviendrais à huit heures, et je retournai à l’hôtel où j’avais commandé mon dîner. Il n’était ni bon ni copieux ; mais pourquoi aussi étais-je arrivé trop tard ? J’ai dit qu’il faut, en Suisse, pour manger, arriver à l’heure où l’on mange. Quant à boire, la chose y est permise en tout temps et à toute heure.

C’était à cette occupation qu’à une petite table en face de moi se livraient deux Allemands venant de Strasbourg, négociants je crois. Un moment après, entre un monsieur qui cherchait ces deux voyageurs. Il leur parla en allemand, probablement d’affaires, car ils l’écoutaient avec grande attention. Bientôt il se leva et vint me saluer en m’adressant la parole en français. Il avait su mon nom par l’hôtesse ; il me dit le sien : c’était M. Schuler, écrivain libéral, auteur d’un livre sur la Suisse, et rédacteur du journal le Courrier du commerce qui paraît à Bienne. Je vis bientôt que j’avais à faire à un homme instruit, et nous causâmes science et littérature.

Huit heures étaient sonnées, et je me levais pour retourner chez M. Scholl, quand on l’annonça. Nous nous