Aller au contenu

Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

devenir une page d’histoire. Hélas ! je n’ai vu que trop de ces défilés, et quelques-uns, dans ces années néfastes 1814 et 1815, qui n’étaient pour la France que des pompes funéraires. Mais chassons ces souvenirs.

Toutes les maisons des boulevards sont pavoisées. La foule couvre jusqu’aux toits ; les gouttières sont envahies ; on aperçoit des gens perchés sur des cheminées et même des tuyaux de poêle. Heureusement le temps est calme, car s’il venait un coup de vent, on verrait pleuvoir des hommes.

À dix heures paraissent les cent-gardes à cheval, magnifique troupe qui ouvre la marche. Derrière eux sont les soldats portant les drapeaux autrichiens pris à Montebello, à Magenta et à Solferino.

Puis vient l’Empereur à cheval, seul et à une assez grande distance de son état-major. Il a l’air rayonnant. Il est suivi d’un nombreux et brillant cortége, parmi lequel on reconnaît encore de ces officiers étrangers, anglais, allemands, italiens, espagnols, turcs, arabes, curieux mélange de gens aujourd’hui nos amis et demain nos ennemis.

La garde impériale, commandée par le maréchal Regnault de Saint-Jean-d’Angely, est en avant ; puis viennent les quatre corps d’armée ayant en tête : le premier, le maréchal Baraguay d’Hilliers ; le second, le maréchal Mac-Mahon, duc de Magenta ; le troisième, le maréchal Canrobert ; le quatrième, le maréchal Niel. Les blessés précèdent les régiments auxquels ils appartiennent. Les canons pris sur les Autrichiens terminent la marche.

Tel est l’ordre de l’ensemble.