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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/243

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et l’ami de l’empereur Alexandre. On lui a élevé un monument sur un îlot artificiel qui garantit le port de la houle du large, car il ne faut pas croire que les lacs en sont exempts, et que les naufrages y sont rares. Maintenant le lac, dont le calme est parfait, a pris une teinte d’or qui, au soleil couchant, deviendra pourpre.

Nous touchons à Nyon, bâti moitié au bord du lac, moitié sur la colline que couronne l’église. La vue, de cette hauteur, doit être admirable. Nyon a deux mille cinq cents habitants.

Nous ne tardons pas à voir Celigny, puis Coppet, que Mme de Staël a rendu célèbre. Là, est ce château où tant de personnages illustres ont reçu l’hospitalité. Selon son intention, elle a été inhumée dans le parc où l’on voit son tombeau.

Le coucher du soleil a été pur ; la nuit est venue, elle est belle et claire.

Nous arrivons à Versoix, naguère France, aujourd’hui Suisse par la volonté de la Sainte-Alliance. À sept heures trois quarts, nous reconnaissons Genève à quelques lumières et à un feu rouge, et bientôt la ville entière se montre, brillant de tous ses réverbères et des lumières de ses maisons. Tous ces feux sont répétés à distance par le lac : c’est une double et magnifique illumination.

Je croyais la ville en fête ; on me dit qu’il en est ainsi tous les jours. Il est vrai que le spectacle perd à mesure qu’on en approche, mais il est encore assez beau pour que j’engage les touristes à arriver ici de nuit, dût-on perdre quelque chose de la vue du lac.

Au débarquement, un Allemand ou soi-disant tel,