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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/245

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CHAPITRE XX.


Genève, ses édifices, ses habitants.

Le 28 septembre, en me levant, mon premier soin fut de regarder où j’étais. Je n’avais pas à m’en plaindre : ma chambre avait vue sur le lac, le port et la ville.

Je prends un guide pour revoir, après tant d’années, la cité devenue toute neuve pour moi ; je ne m’y reconnais nulle part. Je n’en suis pas fâché, car où en serions-nous si l’on n’oubliait rien ?

Quand d’un défaut de mémoire
On se plaint, je dis : tout beau !
Si telle page d’histoire
Ne nous sortait du cerveau,
Il faudrait ou n’y plus croire
Ou bien se jeter à l’eau ;
Mais le temps étend son aile
Sur le passé qu’il nivelle,
Et, couvert de son bandeau,
Du vieux il fait du nouveau.
Gardons-nous donc bien de geindre
Si rien ne reste debout :