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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/25

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marche avec eux, équipé en vainqueur avec des insignes tricolores, a sa part d’applaudissements.

En tête d’un bataillon de chasseurs à pied est une chèvre. Ces animaux, chien et chèvre, ont leur histoire : ils ont rendu des services au régiment, ou l’ont suivi au feu. On cite aussi des chats qui, perchés sur le sac de leur maître, ne l’ont pas abandonné au plus fort du combat.

Les turcos ne reçoivent pas moins de couronnes et de fleurs que les zouaves et les chasseurs à pied. Ce sont de beaux hommes ; il y en a de toutes les couleurs, depuis le blanc le plus pur jusqu’au noir le plus foncé. On reconnaît les officiers indigènes à leur barbe. J’en remarque un qui a tout-à-fait le type nubien. Quand les bouquets tombent à leur portée, les soldats les ramassent. Les officiers font de même et s’en parent. Les cantinières surtout en sont très-friandes ; elles en sont chargées.

Le temps, qui avait été beau jusqu’alors, se gâte ; bientôt il pleut à verse. Les dames assises sur les toits, et il y en avait bon nombre, ouvrent leurs ombrelles ou leurs parapluies. Le vent s’élève, les accidents sont imminents ; cependant nos curieuses tiennent bon. Mais le vent redouble ; ceux qui s’étaient accrochés à des tuyaux de poêle commencent à comprendre que la position n’est plus tenable. Quelques-uns se retirent, mais la majorité reste encore. En ce moment, en face de nous, un monsieur court sur une corniche, et fait pousser des cris d’effroi à tous ceux qui le voient. Il n’a pas l’air de s’en préoccuper ; il gagne une fenêtre et rentre paisiblement chez lui.