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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/279

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aux angles que je rencontrais à chaque pas. Ici, l’obscurité était telle, que j’en étais venu à tâter les murs pour savoir s’il y avait des portes. Enfin, j’en trouve une. Je frappe. On ouvre, mais ce n’est point encore le cabinet de l’archiviste : il faut redescendre et prendre un autre escalier.

À bout de patience, j’allais renoncer à ma recherche, quand j’entends le bruit de quelque chose qui approchait : c’était un être vivant et dont j’appréciai surtout l’humanité lorsqu’il me dit qu’il allait justement dans le quartier des archives et que je pouvais le suivre, ce que je fis de grand cœur.

Enfin, sous la conduite de cet homme bienveillant que je sus être l’allumeur chargé d’éclairer les passages les plus difficiles, j’arrivai à la porte tant cherchée, où, après avoir discrètement frappé, je fus autorisé à pénétrer par ce cri de bon augure : entrez.

L’archiviste ou son suppléant, le chapeau sur l’oreille, et qui y tenait bien, car il ne l’ôta pas à mon salut, était assis à une table, bâillant comme fait à Paris tout commis d’administration sur son siége ou dans l’exercice de ses fonctions. Je lui demandai respectueusement le manuscrit d’une pièce en cinq actes, intitulée : les Lingots, ou le retour de la Californie. Il me dit qu’il n’en avait pas connaissance et que probablement c’était à un autre théâtre qu’elle avait été déposée ; et, là-dessus, il me fit une salutation qui voulait dire : votre audience est terminée, voici la porte. Mais je ne voulus pas avoir fait tant de chemin pour rien : j’insistai.

Voyant qu’on ne se débarrassait pas ainsi de moi, il