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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/282

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J’achevai ma journée en visites plus ou moins d’obligation, mais, pour la grande majorité, à des personnes que j’ai toujours du plaisir à voir, et ce qui le double, c’est qu’elles semblent le partager. Je pus apprécier encore ici l’hospitalité parisienne, car dans cette journée je reçus sept invitations à dîner, les unes pour le jour même, les autres pour le lendemain. Je répondis à tous, pour ne pas faire de jaloux, que j’étais invité, et je fus, comme de coutume, dîner au restaurant.

Le 2 octobre, je vais au jardin-des-Plantes, auquel je consacre au moins un jour à chacun de mes voyages à Paris. J’y vois M. Geoffroy Saint-Hilaire, M. Flourens, ainsi que M. Valenciennes, bien triste, bien affaissée de la mort de sa femme. On parle beaucoup à Paris de mes découvertes antédiluviennes, mais l’Académie des Sciences n’en dit mot.

Je vais dîner aux Frères-Provençaux, et je me trouve à côté d’une famille composée du père, de la mère et des enfants. Le père est jeune et beau, et ses enfants lui ressemblent. La mère est jolie aussi, mais je n’ai jamais vu de mine plus chipie, et elle n’était pas trompeuse : lorsque le père et les enfants semblaient contents de tout, elle ne trouvait rien de bon et cherchait noise au garçon. L’époux paraissait accoutumé à cette humeur, car il n’en conservait pas moins sa figure placide. Mais la pauvre dame reçut une cruelle leçon : à une table voisine dînaient deux messieurs décorés, d’un certain âge, et dont la tournure annonçait des officiers supérieurs. Ces criailleries de la dame paraissaient les ennuyer beaucoup. Enfin l’un d’eux, n’y tenant plus, se leva en disant à haute voix au garçon : « Portez nos