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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/34

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À huit heures, un accord d’instruments, justes cette fois, m’annonce qu’on se rassemble au salon. En effet, l’orchestre est à son poste ; il n’est composé que d’une douzaine de musiciens, mais bien choisis. On joue des contredanses et des valses, mais personne ne bouge, et pourtant l’exercice devrait faire ici partie de l’hygiène prescrite. Un établissement où l’on attaquerait certaines maladies par la gymnastique appliquée selon l’âge et le plus ou moins de force des malades, aurait autant de succès que les eaux. Beaucoup de nos indispositions viennent de l’abus du sommeil et du défaut de mouvement. La vie trop sédentaire tue ou use plus vite peut-être que l’excès du mouvement. Le médecin qui traiterait les impotents par l’agitation graduée ferait des prodiges.

Le 17 août, de bonne heure, je vais à l’établissement thermal. J’y retrouve le docteur, mais les malades étant nombreux, il faut attendre mon tour. Enfin, la douche du prince, qui se nomme ainsi je ne sais pourquoi, m’est ouverte. À peine déshabillé, deux baigneurs s’emparent de moi. On m’inonde d’eau chaude ; elle me paraît brûlante. Un doucheur (c’est le nom technique) me frotte. L’eau coule toujours. Bientôt on me lâche une seconde douche en arrosoir sur les cuisses et sur les jambes. Pour le coup, je me crois cuit : je suis rouge comme une écrevisse. On la laisse ainsi jaillir un quart-d’heure : je commence à en avoir assez.

Je croyais m’habiller et en être quitte, mais mes vêtements ont été remis chez moi. On me couvre, pour me sécher, de serviettes brûlantes ; puis on m’enveloppe d’une couverte, on m’étend sur une chaise longue entourée de rideaux, on m’y enferme presque herméti-