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Page:Boucher de Perthes - Voyage à Aix-Savoie, Turin, Milan, retour par la Suisse.djvu/38

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de village que d’un grand ministre. Chacun va le saluer. On lui a dit que j’étais allié aux Clermont-Tonnerre dont il est lui-même parent. Il a entendu citer mes études archéogéologiques ; il m’en parle. Mais chacun se le disputait, et des personnages politiques, venus de bien loin peut-être, attendaient une trouée pour l’approcher ; n’ayant rien à lui dire ni à lui demander, je me hâtai de leur faire place. C’est assurément un ministre hors ligne, et aujourd’hui très-précieux pour le nouveau royaume. Puisse-t-il conserver longtemps cet homme d’État, car il serait assez difficile à remplacer : les bavards ne font pas défaut à Turin, c’est comme chez nous, et malheureusement, comme chez nous, on les prend pour des orateurs.

Parmi les dames, on me fait remarquer la princesse de Solms, née Bonaparte-Wise, et petite-fille de Lucien. Exilée de France par l’Empereur, dit-on, elle habite un châlet dans les faubourgs d’Aix. C’est une fort jolie femme, ayant à peine vingt-huit ans, qui reçoit beaucoup d’hommes de lettres, notamment Ponsard. Elle savait que j’étais à Aix et attendait ma visite ; je fus lui présenter mes excuses de ce retard. Elle les accepta très-gracieusement et m’invita à aller la voir.